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Le "co" est sans doute incontournable !



Des échanges récents, plutôt d'ordre professionnel m'ont amené une réflexion. En effet, il y a peu, j'ai relevé dans les discours ambiants et dans la nature des échanges que nous avions avec nos clients ou partenaires, la présence extrêmement fréquente de termes impliquant le préfixe "co".

Je vous laisse, chers lecteurs, dresser une liste d'expressions employant ce préfixe. Toutefois, retenons ceux les plus souvent utilisés dans le métier qui est le mien et sans doute dans un certain nombre d'organisations : co-construction, co-conception, co-élaboration, co-animation, co-développement... Certains de ces termes ne me semblent pas encore officialisés par quelque dictionnaire que ce soit. Ils viennent s'ajouter à des termes dûment répertoriés dans notre langue, tels que coopération, cohabitation... et j'en passe.

Le fait même que des termes de ce type se diffusent dans les organisations et potentiellement dans la société m'interpelle. La "création" de termes pour désigner quelque chose est en elle-même la manifestation du besoin que nous avons de traduire en mots, des constituants de notre réalité.

Les origines

Que se passe-t-il si nous remontons à l'étymologie du préfixe en question ?Et que nous dit la grammaire du "préfixe" : "Le préfixe est un élément qui se place devant le radical d'un mot, donnant ainsi naissance à un nouveau mot, ayant une signification différente bien qu’habituellement proche du mot originel."Et qu'en est-il, plus spécifiquement, de celui qui nous intéresse : "Co : ce préfixe dans les mots composés apporte l'idée de simultanéité, de collaboration, d'union ex: "coassociés", " codistribuer"."

Si le terme de "coopération" est un terme déjà ancien, il est plus que jamais mis en exergue dans les entreprises qui voient leurs modes fonctionnement évoluer. Les notions de "transversalité" et "d'organisation matricielle" ont cours depuis quelques années maintenant et elles reposent sur des principes différents de ceux de l'organisation verticale et de la hiérarchie... avec laquelle, cependant elles doivent parvenir à s'accorder. Et chacun sait que ce n'est pas toujours simple. A ce titre, un récent événement que nous avons organisé portait en sous-titre "de la compétition à la coopération" (sujet qui semble présent dans de nombreuses entreprises).

Alors, que disent ces expressions de notre société et de la nature du lien social aujourd'hui, particulièrement dans les entreprises et plus largement dans les organisations humaines ? Pour ma part, il me semble qu'on peut établir ici un lien entre ces notions et la tendance "individualiste" de nos sociétés si souvent évoquée par les sociologues ou les médias. Je n'ai jamais particulièrement diabolisé cette notion d'individualisme, même si, comme le soulignent un certain nombre d'experts, la capacité d'un individu à se faire entendre (voire à se défendre) est certainement moindre que celle d'un collectif. Mais revenons aux termes (et au préfixe) qui nous occupent. Car finalement, si l'on considère davantage le groupe comme une somme d'individus, le "faire ensemble" ne va dès lors pas de soi. Et pour "faire ensemble", il faut donc en passer par le "co"-quelque chose. Attention, je ne dis pas que la notion de groupe ou de collectif n'existe plus. Mais nous vivons une époque qui cible l'individu au plus près (marketing) ou qui s'intéresse aux trajectoires individuelles (gestion de carrière individualisée, histoires de vie emblématiques...) et dans laquelle aussi, l'individualité occupe une place sans doute plus pleine, plus assumée. Ce n'est d'ailleurs pas toujours facile pour tous et peut donner lieu à de profondes remises en question.

Il me semble aussi intéressant de relever ce titre d'événement, que j'ai cité plus haut, comme emblématique de quelque chose. Car promouvoir la coopération plutôt que la compétition est une posture qui introduit de nouvelles dimensions et renouvellent certains discours. La question qui vient juste après serait : coopération entre qui et qui ? Et pour atteindre quoi ? Sur quoi s'appuie-t-elle ?Elle peut en effet se placer à différents niveaux : entre salariés, entre services, entre entités, entre zones géographiques, entre clients et fournisseurs, entre pays, entre métiers, entre managers et collaborateurs, entre Direction et salariés... Et il me semble qu'il n'est pas également aisé de la promouvoir selon de qui on parle.

Individualité et "faire ensemble"

Pour faire le lien avec l'individualisme/individualisation, si un "faire ensemble" doit permettre d'apporter des résultats à une organisation, ce "faire ensemble", passe donc par le "co"-quelque chose. En outre, coopérer ou "co-élaborer" implique un acte volontaire de la part de l'individu, ce qui n'est probablement pas aussi manifeste si l'on appartient à un collectif dans lequel le "faire ensemble" va de soi. A ce titre, il marque un changement intéressant car il conscientise le lien et l'association entre personnes.Parallèlement, je crois également que ce préfixe signe une redéfinition des relations commerciales. Si, auparavant, un fournisseur ou un prestataire de service "faisait" en tenant compte des indications données ou de la commande passée, aujourd'hui sa contribution est envisagée dans un cadre davantage orienté vers le "partenariat" et le "faire ensemble" à nouveau. Cela enlève-t-il une part de sa légitimité au fournisseur ? Ou tout simplement cela veut-il dire que la construction se fait davantage en considérant que les deux parties détiennent une partie de la solution et que la rechercher ensemble à toutes chances d'être plus efficace en termes de résultats obtenus ?Je n'ai pas la réponse à ces questions mais quoiqu'il en soit je trouve bien plus intéressant de mêler les expertises et les expériences, que de réfléchir de manière séparée pour risquer de se rendre compte que nous ne nous sommes pas compris...

Pour finir sur une note positive à nouveau, car je crois que c'est bien ce qui me caractérise, il me semble que cette tendance au "co-quelque chose" est le signe que même dans un monde où l'individu (mais aussi la "personne") domine, le besoin de lien et de construction à plusieurs reste un élément clé. Ne dit-on pas que nous sommes des "animaux sociaux" ?

Le besoin de relation à l'autre sera toujours une composante de notre humanité. Alors, co-construisons, co-voiturons, co-imaginons, co-vivons finalement !

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