Lorsqu'on se forme au coaching, on apprend généralement ce qu'est un protocole "type", celui-ci comprenant souvent un certain nombre de séances. Le plus souvent, entre 7 et 10. (Si l'on y regarde de plus près, ce nombre ressemble un peu à celui des thérapies dites "brèves", fonctionnant d'ailleurs comme le coaching sur des objectifs précis autour des problèmes à résoudre).
Mais il arrive que certains accompagnements, pourtant imaginés sur une certaine durée, soient finalement beaucoup plus courts. Si le choix en est parfois fait dès le départ (on peut vendre des "coaching flash" de 3 séances par exemple), le coach doit rester à l'écoute de ce qu'il se passe pendant un accompagnement et savoir adapter son approche à la situation réelle.
La première intention... faire le point pour envisager un changement
Lorsque j'ai rencontré Noémie(*), elle saturait de son travail dans un grand groupe, sur des fonctions juridiques qui l'occupaient à plein temps mais lui demandaient aussi une disponibilité de tous les instants.
Un contexte dans lequel elle ne recevait par ailleurs pas la reconnaissance qu'elle espérait et qui l'amenait régulièrement au bord de l'implosion.
Car, comme beaucoup de jeunes femmes actives et mères de famille, elle avait deux enfants en bas âge, une vie de couple qu'elle essayait de préserver, et l'obligation de jongler entre des exigences parfois tout à fait contradictoires !
Lorsque nous avons fait la séance de cadrage, son besoin était de se mettre au clair sur ce qui l'amenait à rester dans l'entreprise, les enjeux de carrière qui étaient les siens et ce sur quoi elle voulait mettre la focale. Ceci avant de décider si elle resterait dans son poste, voire revendiquerait une promotion, oui si elle préfèrerait partir vers un autre poste moins stressant et moins frustrant.
Bien sûr, à l'issue de ce cadrage, j'ai établi une stratégie de coaching, imaginé ce sur quoi nous allions travailler, envisagé quelques outils, exercices et des séquences de questionnement. Nous avions convenu d'un minimum de 6 séances et les avons entamées avec enthousiasme.
L'alliance et la confiance se sont installées très vite. Et je connaissais bien l'entreprise ce qui me permettait de rentrer dans son univers facilement.
Mais parfois, ce que nous avons imaginé ne se passe pas comme prévu !
La confrontation à la réalité a provoqué un déclic
La première séance a donné lieu à un retour sur son parcours professionnel, sa carrière, ses choix de vie, l'imbrication aussi de sa vie personnelle (familiale notamment) et professionnelle.
Enthousiaste à ses débuts, passionnée de droit, elle avait démarré sa carrière dans une petite structure avant de rejoindre ce grand cabinet dans lequel je l'ai rencontrée. Elle aimait ce qu'elle faisait et s'y était vouée entièrement pendant plusieurs années... comme le font nombre de jeunes salariés lorsqu'ils débutent et que leur énergie est pleinement focalisée sur les exigences de leur travail et sur la satisfaction de se réaliser.
Nous avons petit à petit redessiné les contours de ce qui l'avait motivée au premier chef et ce qui lui avait apporté une incroyable satisfaction.
C'est au détour d'un exercice particulier que le déclic s'est opéré.
Je lui avais demandé de représenter de manière visuelle (en dessinant à l'aide de marqueurs et de feutres), son parcours jusqu'à aujourd'hui, en faisant figurer les moments importants, tant personnels que professionnels. Ce travail lui prit un temps relativement long mais il fut aussi ce qui provoqua chez elle une prise de conscience importante.
Car, en regardant a posteriori la représentation qu'elle avait faite de sa vie et de son parcours, elle réalisa qu'elle s'était laissée porter par divers événements et n'avait jamais véritablement choisi ce qu'elle allait faire et comment. De stages de fin d'étude en premiers emplois, de contexte familier en missions bien maîtrisées, elle s'était laissée emporter dans une succession de "non choix" qui la satisfaisaient bien sûr en grande partie mais qu'il était temps de questionner au regard de sa situation du moment.
Après deux semaines, nous avons repris contact pour une séance, afin d'approfondir le travail. Mais cette séance fut finalement... une séance de clôture !
Elle m'expliqua ainsi que le dessin de sa fresque professionnelle avait suffi à lui faire toucher du doigt de manière très claire ce pour quoi elle se sentait aujourd'hui coincée et avait du mal à envisager autre chose. Il était temps de faire un véritable choix personnel et elle le fit en quelques semaines.
En effet, reprenant contact avec elle après plusieurs mois, j'appris qu'elle avait changé d'employeur, changé de type de poste et s'en trouvait beaucoup mieux. Elle avait réussi à trouver l'équilibre qu'elle recherchait entre un métier qui la passionnait et la disponibilité pour ses enfants et sa famille. Elle avait trouvé sa juste place pour ce moment-là de sa vie professionnelle et personnelle.
Conclusion : accepter les bifurcations inattendues
Je retiens de cette expérience deux enseignements principaux :
Ne rien tenir pour acquis ou figé dans un coaching. Il peut être plus court, plus long, ou même suivre une trajectoire non-linéaire et être très différent de ce que l'on a imaginé au départ.
Le client peut faire des découvertes ou avoir des prises de conscience inattendues que le coach doit savoir accueillir.
Je me souviens que ce coaching m'a moi-même surprise. Et par la rapidité de la prise de conscience de ma coachée, et par la faculté d'adaptation qu'il m'a demander de mobiliser.
Une très belle expérience.
(*) Prénom modifié.
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