Comme je l'avais évoqué dans le texte de la première "Histoire" relatée sur ce blog, il me semble intéressant de revenir sur certains des coachings que j'ai menés et d'en retracer l'histoire mais surtout les enseignements. Des enseignements pour le/la coaché.e et pour la coach que je suis.
Au départ : sortir d'une situation difficile
Ce coaching a fait partie d'une série que j'ai mis en place dans un cadre associatif. Cette association avait à coeur d'accompagner de manière holistique, des personnes se trouvant dans des situations difficiles à plusieurs égards : santé, chômage de longue durée, situation familiale ou de couple compliquée. L'association leur proposait un accompagnement de 6 à 12 mois comprenant un mix de plusieurs compétences : médecins, psychologues ou psychiatres, coachs, conseillers d'orientation et conseillers en image ou en communication personnelle.
La personne que j'accompagnai dans ce cadre arrivait donc en fin de droits au chômage, avait eu un problème de santé assez lourd et sortait d'une relation toxique avec le père de sa fille.
Elle avait donc besoin de retrouver confiance en elle, de se sentir épaulée, et de définir une nouvelle voie pour gagner sa vie.
Résister à l'évidence... quand ce n'est pas celle du client
Lorsque nous avons commencé le coaching, Anne (prénom modifié) se remettait tout juste de la dépression dans laquelle l'avait plongée la séparation très compliquée d'avec le père de sa fille. Elle avait eu la possibilité, lorsqu'elle était en couple, de s'adonner à sa passion et son métier d'origine : illustratrice et artiste peintre.
Elle avait choisi cette voie à la sortie de l'adolescence, avait fait les études adéquates et ne s'était pas posé la question de la dimension financière tant qu'elle n'en avait pas eu besoin. Son ex-compagnon l'avait encouragée à continuer mais pour avoir aussi sur elle une véritable emprise à la fois psychologique et financière. Elle se sentait coincée.
A l'époque, je n'étais pas encore familière de l'approche Ikigaï qui a ce mérite de nous permettre d'explorer un sujet et/ou une voie professionnelle en considérant les 4 aspects suivants (non-exclusifs !) : ce que l'on aime, ce pour quoi on a des compétences, ce qui peut apporter un revenu et ce dont "le monde a besoin".
Ainsi se trouvaient remplies 3 des conditions sur 4 pour Anne mais de fait, la 4ème était devenue essentielle à sa survie !
Au fur et à mesure des sessions de coaching, nous avons exploré sa situation et ses aspirations, les compétences qu'elle souhaitait développer mais également ce dont elle ne voulait plus ou les nouveaux territoires qu'elle avait envie de découvrir.
C'est ici qu'entre en ligne de compte un phénomène contre lequel les formations à l'accompagnement (thérapeutique ou coaching) nous mettent en garde : les projections personnelles et le principe du contre-transfert. En effet, si je suis coach je suis aussi artiste amateur et aurait eu le désir de développer une carrière artistique.
Pensant très naturellement Anne passionnée par ce qu'elle faisait (de la peinture et des illustrations), je tendais à l'inciter à réfléchir à des pistes professionnelles proches de cette activité. Je finis par m'apercevoir que ce n'était pas son désir ! Et qu'en ne l'incitant pas vraiment à envisager d'autres possibilités, je répondais en réalité à ma propre envie d'être artiste !
Le changement de cap
Lors d'une séance, elle finit par me dire qu'elle ne souhaitait plus exercer cette activité. Qu'elle pensait en avoir fait le tour et qu'elle envisageait de ne la conserver que comme un hobbies, une passion. D'abord surprise, je la laissai développer son idée, ses arguments et sa réflexion en cours. Cela apparaissait comme une découverte pour elle, elle réalisait la chose en même temps qu'elle m'en parlait.
Dans les semaines qui suivirent, et avant la séance suivante, elle repensa au fait qu'elle avait toujours été attirée par l'immobilier. Et qu'elle aimait le relationnel avec les gens, ce qui pourrait être un atout pour développer des relations de nature commerciale.
Elle se rapprocha d'une agence immobilière, regarda les annonces et finit par trouver un poste, incluant un temps de formation assez conséquent, chez un agent immobilier proche de chez elle. Le contact se fit, elle démarra donc cette activité et s'en trouva enchantée. La période d'essai se confirma, de même que son intérêt pour le secteur et elle fut embauchée de manière permanente.
Le coaching se termina très naturellement sur cette nouvelle vie qui commençait pour elle.
Conclusion : se méfier des évidences
Au-delà de la qualité de relation avec Anne, qui était quelqu'un de très sympathique, dynamique et volontaire dans son envie d'avancer, je retiens de ce coaching la vigilance à avoir lorsqu'un client nous confronte à un sujet personnel.
Il me semblait évident au départ qu'elle serait tellement passionnée (lorsqu'on est artiste, on est forcément passionné !), qu'aucun autre métier ne pourrait véritablement l'attirer.
Prendre conscience de mon erreur et la voir épanouie dans la nouvelle direction qu'elle donna à sa vie professionnelle fut un moment important et touchant.
Mais ce fut aussi un prise de conscience essentielle pour exercer mon métier. En tant que coach, autant que comme future thérapeute.
(Crédit Photo de Jakob Owens sur Unsplash)
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