Avez-vous déjà remarqué que lorsque vous réfléchissiez, et en particulier lorsque vous vous posiez des questions d'importance, tout se mélangeait ? Résultat : tout paraît être d'égale importance, vous ne savez pas par où commencer et finalement vous n'avancez sur rien. Donc, cela crée chez vous de la frustration.
"Mais pourquoi est-ce que je reste bloqué.e dans mes réflexions ?" ou "J'en ai assez, je n'arrive à rien et je ne sais pas vraiment ce que je veux".
Une petite rengaine que vous avez déjà entendue ou prononcée ?
Vous n'êtes certainement pas le/la seul.e !
Réfléchir en plusieurs temps
Il y a quelques années, j'ai découvert dans mon métier de consultante et de facilitatrice (animatrice d'ateliers, notamment de créativité), la méthode des "chapeaux" d'Edward de Bono. Qu'est-ce que cette méthode ? (plus d'infos, ici : LIEN).
Eh bien, pour faciliter la créativité, de Bono nous incite à quelque chose de relativement simple en apparence : scinder les réflexions en différentes catégories. Autrement dit, penser au sujet qui nous occupe sous des angles divers mais en se restreignant à chaque fois à cet angle uniquement. Et il propose pour ce faire, que l'animateur porte un chapeau d'une couleur différente à chaque séquence, la couleur indiquant quel angle le groupe doit prendre pour imaginer des solutions. Un exemple simple : vous devez organiser une fête d'anniversaire. Le chapeau bleu signifiera que pendant un temps donné vous ne réfléchirez qu'aux activités ludiques ou distrayantes de la fête ; le chapeau jaune, uniquement l'angle financier ; le chapeau rouge, les aspects pratiques, etc.
A la fin de l'exercice, beaucoup plus d'idées concrètes et pratiques auront émergé que si vous aviez juste lancé un brainstorming "simple" sur le thème "organisons une fête d'anniversaire".
En tant que #coach, je me suis souvent demandé comment aider mes clients à s'y retrouver dans leurs questionnements, leurs hésitations, les moments où ils se sentent un peu perdus. Si le questionnement et l'écoute sincère, pleinement présente, restent la base du métier, il peut être utile d'aider la personne à se repérer en proposant une réflexion séquentielle, du même type que les chapeaux de de Bono. D'ailleurs, ces chapeaux eux-mêmes peuvent être utilisés aussi en coaching individuel ou collectif.
Dans ces phases de transition que l'on traverse tous à un moment ou à un autre, ces moments où l'on ne sait plus très bien quel est le prochain pas à faire, quelles sont les décisions à prendre parce que tout se mélange, tout semble important et prioritaire (ou pas !), la prise de recul de manière séquentielle est rassurante et efficace. Etant entendu que passer d'une "étape" à une autre n'empêche pas les retours en arrière, les associations d'idées qui vont enrichir une séquence que l'on a déjà abordée précédemment.
Réfléchir sur soi de manière structurée
Un des outils dont on parle beaucoup dans le monde du coaching et du développement personnel, est l' #ikigai. Mais qu'est-ce donc que cela ? Il est facile de trouver des éléments s'y référant sur Internet, aussi ne m'étendrai-je pas sur l'outil lui-même dont la signification en japonais est à peu près "raison d'être".
Comment se rapporte-t-il à notre propos ? Tout simplement en permettant à la personne de réfléchir avec des prismes différents (comme pour les chapeaux), étant entendu que ces prismes sont tous les 4 essentiels pour trouver le point d'équilibre, celui qui permet d'avancer.
Pour le résumer en quelques mots, les 4 "prismes" sont les suivants :
Qu'est-ce que j'aime ?
Quelles sont mes talents et mes compétences ?
De quoi le monde a-t-il besoin ?
Pour quoi puis-je espérer être payé.e ?
Chacune de ces 4 dimensions pourra donner lieu à un travail relativement approfondi à la fois en rétrospective (qu'ai-je fait, vu, expérimenté jusqu'à aujourd'hui ?) et en prospective (vers quoi ai-je envie d'aller ? de quoi ai-je envie de me débarrasser ? à quoi j'aspire pour demain ?). Et comme évoqué ci-dessus, l'exploration de ce dont "le monde a besoin" par exemple, peut faire prendre conscience d'un talent que l'on a et que l'on avait oublié de mentionner en travaillant cet aspect-là.
Car l'intérêt de réfléchir en séquentiel est de réduire temporairement et artificiellement la complexité ! Notre cerveau ne peut pas penser à tout "en même temps". Mais il peut penser à beaucoup de choses séparément pour en faire ensuite la synthèse et aboutir à une vision d'ensemble.
Et à cette exploration des dimensions de l'ikigaï peut s'ajouter la question du "pourquoi" chère à Simon Sinek (https://simonsinek.com/books/start-with-why/) : quel sens ai-je envie de donner à ma vie et à mes actions ? Quelle "mission" ai-je envie de remplir en ce monde ?
La modernité nous demande d'être créatifs... mais pas sans méthode !
Dans une époque moderne qui se caractérise par la nécessité de bâtir soi-même une #identité ayant un #sens, qui nous propose de définir notre chemin dans un moindre assujettissement à des obligations sociales extérieures, il est fréquent de se sentir perdu.e.
Et comme l'écrit très bien Jean-Claude Kaufmann dans "L'invention de soi - Une théorie de l'identité", "Rêver ne suffit pas pour s'inventer. Il faut aussi savoir associer rêve et réalité, prendre en compte les informations données par la société, réfléchir. (...) Passer du rêve au projet véritable." (p.284)
Les outils réflexifs utilisés en coaching servent justement à cela : s'appuyer sur les rêves, les aspirations, en tenant compte des contraintes du réel, pour se mettre en mouvement de manière réaliste. Et s'épanouir.
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