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Histoire #4 - Le rêve à l'épreuve de la réalité




La demande explicite

Un jour, une femme d'une quarantaine d'années m'appelle pour me demander de l'accompagner en coaching pour réussir à dépasser ses blocages et avancer vers le métier qu'elle souhaitait exercer.


Sa demande exprimée est de sortir d'une situation où elle cumule divers emplois assez mal rémunérés (et certains de nuit pour bénéficier d'un salaire un peu plus élevé) et de répondre à des aspirations qui avaient en réalité guidé tout son parcours d'études supérieures.


Issue d'un milieu modeste, elle a toujours beaucoup travaillé et le monde de l'art, de la création, était une source d'inspiration et de développement pour elle.

Elle souhaite se faire accompagner pour mettre en place les actions nécessaires à une évolution vers le métier créatif dont elle rêve depuis longtemps, qui concerne de la création de vêtements sur mesure.

Lorsque nous commençons à travailler, elle a déjà créé quelques vêtements. Mais elle ambitionne de développer davantage cette activité pour en vivre et se demande comment s'y prendre.

Après un bilan de son parcours, de ce qui la motive, des valeurs qui sont importantes pour elle et de ce qu'elle a commencé à mettre en place pour développer son activité, nous entamons le travail projectif et les plans d'action qui lui permettront d'aller plus loin.

C'est à ce moment-là que les choses se compliquent.


La réalité implicite

Derrière une demande explicite, se cache souvent autre chose.


Lors d'une séance, nous avons travaillé avec une grille (les niveaux logiques de Dilts pour ceux qui connaissent), faisant réfléchir et réagir la personne sur 6 niveaux de allant du plus concret au plus spirituel.

Les deux premiers sont extrêmement concrets : Où vous verriez-vous travailler ? Avec qui ? Dans quel environnement ? En faisant quoi très concrètement tous les jours ?... pour aller ensuite sur le terrain des compétences, puis des valeurs, etc et remonter jusqu'à la "mission de vie".


Ce qui m'a frappée dans cet exercice, ce fut la réaction physique de ma cliente. Alors que nous explorions les premiers niveaux, elle reculait dans la pièce. Comme si la perspective de se projeter dans un environnement réel lui était extrêmement difficile. Les questions concernant les activités menées, comment elle se verrait agir, quelles capacités elle mettrait en oeuvre... étaient également très difficiles pour elle.

Elle tournait en rond dans ses réponses, elle revenait sur des idéaux dont elle avait parlé les séances précédentes. Un psychanalyste dirait peut-être qu'elle se réfugiait dans le fantasme.

Elle ne parvenait tout simplement pas à se projeter concrètement dans la réalité à laquelle elle aspirait.

Et j'ai pu percevoir à quel point cela l'a mise mal à l'aise.

Je n'ai donc pas poussé plus loin et nous avons prévu de reparler de cela à la séance suivante.


Finalement...

Sans doute devinerez-vous ce qui s'est passé ?

Dans le temps séparant cette séance de travail de la suivante, elle m'a envoyé un message pour me remercier mais me dire que finalement, elle ne souhaitait pas poursuivre le coaching.

Cela m'a ennuyée pour elle, car je pense qu'il y avait encore de nombreux sujets à explorer, travailler, décortiquer. Mais je me suis dit également qu'elle n'était sans doute pas prête. Et que l'écart qui existait entre la réalité de sa situation et l'idéal qu'elle visait était trop grand.

Une autre hypothèse m'est venue : peut-être avait-elle (a-t-elle) besoin de cette activité fantasmée qu'elle idéalise, pour entretenir sa motivation, son dynamisme au travail ? C'est une sorte de lumière un peu lointaine qui lui permet de se maintenir en mouvement. Et une activité qu'elle continue(ra) de pratiquer en-dehors de ses heures de travail.

Qui sait si un jour cela ne deviendra pas réellement une activité professionnelle ?


Mon apprentissage en tant que coach

Le travail avec cette cliente a été éclairant à plus d'un titre et j'en retiens trois enseignements principaux :

  1. Sa première demande me conduisait à vouloir l'aider à structurer les actions pour y arriver... j'aurais peut-être dû questionner davantage dès le début les éléments implicites de sa demande ;

  2. Son projet ayant fait écho à des aspirations personnelles, il a été important pour moi de prendre conscience de ce que je projetais sur son projet professionnel pour ne pas risquer d'induire mes propres aspirations au lieu d'écouter les siennes ;

  3. Il peut arriver qu'un coaching s'arrête brutalement et... c'est OK dès lors que cela vient en fait mettre en lumière quelque chose d'important pour le client. Il est important de faire confiance à notre posture, à nos outils, approches et intuitions car cela permet toujours de faire avancer le client. Quel que soit le point d'arrivée.


Ce n'est pas le seul coaching à s'être interrompu mais c'est sans doute celui pour lequel j'ai mené le plus petit nombre de séances.

Je souhaite à cette personne de pouvoir s'investir dans sa passion, même si celle-ci ne devient pas son métier. Avoir un rêve est important !

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